Le site d’Albon d’Ardèche, avec ses grands versants et ses eaux abondantes, semble avoir été mis en valeur dès le Xème siècle.
La haute vallée de la Glueyre est alors traversée par un itinéraire médiéval mettant en relation la vallée du Rhône et Le Puy en Velay (Haute-Loire). Elle est protégée par les châteaux de Don et de Mézilhac, qui sont détenus alors par la famille de la Roche en Régnier, originaire du Velay.
Albon d’Ardèche, Marcols les Eaux, Mauras et Féouzet vont alors devenir les principaux centre de peuplement de la paroisse de Saint Julien d’Urcival. Les terres sont mises en valeur, la culture des céréales et l’élevage se développent et probablement un premier artisanat du cuir au bord de l’eau.
Les eaux de la Glueyre semblent déjà faire, en effet, la richesse de la vallée. Albon d’Ardèche est à nouveau mentionné dans les textes au XIVème siècle, et on y découvre quatre moulins entre le lieu-dit Le Moulinas et La Sauzée, ainsi que des activités artisanales (forge, tannerie et draperie). Ce versant est détenu, comme celui de Serrepuy, par les seigneurs de la Roussière d’Albon d’Ardèche, bien établis à Meyras dans la vallée de l’Ardèche. En amont le moulin de la Sauzée est un moulin banal dépendant comme le reste de la vallée des seigneurs de Roche qui obligent les habitants de certains hameaux à s’y rendre pour moudre leur grain. Très tôt donc, le terroir d’Albon d’Ardèche se diversifie.
Dans la vallée de la Veyruègne, le hameau de Féouzet qui dépend alors des seigneurs de Montagut développe son agriculture et a lui aussi son moulin, mais il manque de terrains de parcours en ubac pour développer une élevage important.
A la fin du Moyen-âge, la haute vallée de la Glueyre (comme celle de la Veyruègne) est une vallée relativement riche, malgré les troubles qui ont accompagné la guerre de cent ans. Les famines et les épidémies ont entrainé, comme ailleurs, un fort déclin de la population. Le hameau de Serrepuy qui comptait 6 foyers un siècle plus tôt n’en déclare plus que deux, et le versant d’ubac est désormais inhabité. Les moulins de La Sauzée, de Mournet et du Moulinas sont toujours là, au pied d’un versant où les cultures confrontent des prés et quelques bois.
En amont, l’habitat se concentre à mi-pente et à proximité du pont d’Albon d’Ardèche. Le versant d’adret est entièrement mis en culture et les vignes, qui se ressentent d’une péjoration du climat, ne subsistent que sous forme de treilles à proximité des maisons. Sans doute les premières terrasses y font-elles leur apparition. Quelques châtaigneraies occupent désormais une partie des parcelles abandonnées à la suite de la dépopulation : ubacs et marges du terroir. La trame du paysage est fixée pour des siècles. Feouzet est alors un gros hameau agricole et l’artisanat semble alors se concentrer comme les grandes fortunes en amont à Ferrière.
La période qui s’étend du XVIème au XVIIIème siècle est ici contrastée. Un réel développement jusqu’au milieu du XVIIème siècle s’accompagne d’un accroissement de la population, de la mise en culture de nouveaux terroirs et de l’extension de la châtaigneraie. Mais les troubles religieux vont interrompre le processus. Albon d’Ardèche et Féouzet restent en effet des bastions du protestantisme et il faudra attendre la fin du XVIIIème siècle, et surtout le XIXème siècle, pour assister à un véritable décollage économique.
L’Ardèche devient alors l’un des premiers départements industriels de France grâce au travail de la soie. Albon d’Ardèche et Féouzet, alors inclus dans la commune de Saint Julien d’Urcival, ne restent pas à l’écart du mouvement. Avant même la fin du XVIIIème siècle, quatre moulinages y sont déclarés. Ils seront jusqu’à 8 au XIXème siècle, répartis entre Albon d’Ardèche, Serrepuy et Féouzet. La population augmente rapidement et un véritable village se développe en bordure de la Glueyre. Les commerces s’y multiplient.
Enfin, en 1912, la bourgeoisie moulinière protestante obtient la scission avec Marcols les Eaux et la création de la commune d’Albon d’Ardèche.